Jambe plus courte que l’autre : cause principale des blessures ?

 

Léonard de Vinci a imaginé l’homme aux dimensions parfaites en dessinant l’Homme de Vitruve.

Mais est-ce que la perfection humaine existe vraiment ? Quand je me regarde dans le miroir de mon séjour, j’en doute fortement.

La symétrie physique est l’idéal. En réalité, on a tous des inégalités physiques entre le côté droit et gauche : une jambe plus longue, une jambe plus courte, une épaule plus basse que l’autre, un bassin tordu, la tête qui penche plus d’un côté que de l’autre.

Rien de dérangeant, à part peut-être le côté esthétique pour certains.

Cela devient un problème quand des douleurs apparaissent et t’empêchent de courir normalement.

Dans cet article, tu verras comment détecter une jambe plus courte que l’autre qui peut t’exposer à de nombreuses blessures et ce que tu peux faire pour résoudre cette asymétrie posturale.

 

Qu’est-ce qui explique une jambe plus courte que l’autre ?

Ce que l’on appelle une anisomélie est un problème postural ou structurel qui entraîne une inégalité de longueur entre ta jambe gauche et ta jambe droite.

Une jambe est plus courte que l’autre. 

Cette différence peut s’expliquer de 2 façons : 

  1. une différence structurelle : il s’agit d’une inégalité de longueur d’un des os des membres inférieurs (soit le fémur, soit le tibia )
  2. une différence fonctionnelle : il s’agit d’un déséquilibre musculaire créé par une mauvaise posture du corps (une bascule du bassin, un genou qui rentre vers l’intérieur, une voûte plantaire qui s’affaisse, une épaule mal alignée, etc.) 

Cette inégalité peut ne poser aucun problème physique. Le corps est une machine exceptionnelle qui a le don de s’adapter pour pouvoir marcher et courir correctement. 

Le problème survient quand cette adaptation crée des compensations si fortes que des douleurs apparaissent, au point parfois de t’handicaper. Les douleurs se matérialisent très différemment : d’une douleur dans le bas du dos, à une pointe douloureuse vers les omoplates, aux fessiers, une raideur des ischio-jambiers, des mollets, etc.    

L’inégalité est d’autant plus ressentie que la course est la répétition du même geste des milliers de fois avec des impacts traumatisants. Les coureurs de longues distances doivent être encore plus vigilants.   

L’asymétrie, à cause des dérèglements qu’elle crée dans tout l’organisme, est l’une des principales causes de l’arrêt de la pratique de la course à pied.

Lorsque certains muscles sont sursollicités plusieurs dérèglements peuvent se déclarer :

  • tendinites (tendon d’Achille, aponévrose plantaire, bandelette ilio-tibiale, moyen fessier)
  • douleurs articulaires (genou, cheville)
  • douleurs lombaires (lombalgies)
  • raideurs ou douleurs musculaires

 

Explication du déséquilibre

Un défaut morphologique oblige ton corps à faire des compensations musculaires. C’est son mode de défense pour continuer à se déplacer.

Mais cette adaptation physiologique se crée souvent sans que tu t’en rendes compte (jusqu’à ce qu’une douleur t’empêche de continuer à courir). Une douleur aiguë qui apparaît pendant ou à la fin d’une sortie longue n’est pas une nouvelle blessure, c’est un problème mécanique non corrigé que tu traînes depuis bien plus longtemps, parfois depuis des années.

La métaphore de la voiture s’applique parfaitement dans cet exemple : un problème mécanique peut parfois te permettre de rouler pendant une ou deux sorties jusqu’à ce que ça se détériore et que le problème entraîne l’immobilisation du véhicule. 

Une simple différence de rapport de force entre les deux jambes ajoute du poids excessif sur un côté. L’impact au sol sera donc plus traumatisant du côté de la jambe courte. Quelques millimètres de différence entre les deux jambes entraînera, à force de répétition, un excès d’impact de plusieurs mètres sur la jambe la plus courte.  

 

Quels sont les facteurs de risque d’une asymétrie chez le coureur ?

Si on met de côté la présence d’un allongement ou d’un raccourcissement de l’os du tibia ou du fémur, il y a un facteur en particulier qui modifie ta posture (au repos et en course).

Un bassin déséquilibré

L’inclinaison du bassin (ou obliquité du bassin) est due à une mauvaise posture du sacrum qui elle-même est causée par une mauvaise activation musculaire (un muscle trop faible qui ne fonctionne pas correctement). 

On reconnaît ce déséquilibre par une différence de hauteur entre les crêtes iliaques. La rotation du bassin ne se fait plus correctement.

Le bassin n’est plus dans son axe horizontal et la conséquence est une répartition inéquitable de ton poids entre les deux jambes. Ton bassin a un rôle de répartition du poids pour les membres inférieurs.

Ces troubles musculo-squelettiques donnent l’impression qu’une jambe est plus courte que l’autre. 

D’autres facteurs peuvent aussi être à l’origine des douleurs :

  • surcharge pondérale
  • douleurs dentaires
  • tension plus prononcée d’un côté, en particulier chez les coureurs sur piste qui empruntent toujours le virage dans le sens inverse des aiguilles d’une montre

Tu peux reconnaître cette asymétrie de différentes façons : 

  • attitude générale du corps penché d’un côté 
  • douleur d’un seul côté (bas du dos, hanche, genou, cheville ou pied) en raison d’une mise en charge inégale du poids du corps
  • tête penchée
  • douleur cervicales
  • présence d’une épaule plus basse que l’autre
  • douleur dans le bas du dos
  • un pied qui s’affaisse plus que l’autre 
  • usure asymétrique de la semelle extérieure des chaussures
  • le bas des pantalons tombe plus bas sur une jambe que l’autre  

 

Quelles sont les conséquences d’une inégalité de longueur entre les jambes ?

Les conséquence d’une asymétrie posturale sont identiques aux causes qui te permettent de la diagnostiquer.

L’inégalité de longueur entre les membres inférieurs crée inévitablement des compensations. 

Difficile d’y échapper.

Que ce soit de haut en bas ou de bas en haut, l’effet domino est réel : 

  • un bassin qui n’est pas à l’horizontal entraîne une torsion du genou (le fémur lie le genou au bassin)
  • un genou qui se tord vers l’intérieur entraîne un affaissement vers l’intérieur du pied (supination)

Tous les membres inférieurs perdent leur alignement.

C’est à ce moment-là que tu vas ressentir les conséquences de l’excès de stress biomécanique sur une posture non alignée.

Le phénomène de compensation peut déclencher plein de petits bobos physiques :

  • douleurs cervicales
  • hernie discale
  • blocage sacro-iliaque 
  • syndrome de la bandelette ilio-tibiale
  • périostite tibiale
  • tendinite d’Achille
  • aponévrosite plantaire
  • fracture de fatigue

Les problèmes de dos sont très fréquents chez les coureurs qui souffrent de problèmes posturaux. En plus de la hernie discale (j’en ai eu deux : L4-L5 et L5-S1 !), le coureur peut se plaindre souvent de lombalgies chroniques (la sciatique est le stade le plus grave – une pointe de douleur qui irradie de la fesse jusqu’au pied). Le coureur peut aussi développer une scoliose.

En plus de ces douleurs physiques, l’asymétrie affecte ta façon de courir. Il est plus difficile d’avoir une foulée économique dans ces conditions. Foulée non économique signifie plus d’effort à fournir sur chaque foulée donc une augmentation prématurée de la fatigue.

Augmentation du risque de blessure et diminution des performances athlétiques : être tordu n’est pas juste un problème esthétique !  

 

Comment diagnostiquer une inégalité de longueur des membres inférieurs ?

Tu peux diagnostiquer une anisomélie de plusieurs façons : soit tout seul à la maison soit avec un professionnel de santé (la solution préférable).

Diagnostic à la maison

  • Pour déterminer la longueur des fémurs : allonge-toi sur le dos et lève les jambes à 90°C, si un genou est plus haut que l’autre cela veut dire que le fémur est plus long que l’autre.
  • Pour déterminer la longueur des tibias : allonge-toi sur le ventre et plie les genoux pour avoir les jambes à un angle de 90°C, si une cheville est plus haute que l’autre cela veut dire qu’un tibia est plus long que l’autre.
  • Pour déterminer la longueur de la jambe entière : en position debout, serre tes chevilles l’une contre l’autre et vérifie la hauteur des deux malléoles internes de la cheville pour voir s’il y a une inégalité de longueur entre les deux jambes.

Diagnostic par un professionnel de santé

Consulter un spécialiste reste la meilleure démarche pour évaluer une obliquité de ton bassin et diagnostiquer une inégalité de longueur entre les deux jambes. 

Le diagnostic se fait soit par imagerie médicale en réalisant une radiographie, un scan ou une IRM. La radiographie se concentre sur les 3 articulations des membres inférieurs (hanches, genoux et chevilles) pour déterminer la longueur exacte des os de la cuisse. 

Tu peux aussi décider de faire un bilan podologique auprès d’un podologue ou posturologue pour étudier en détail le positionnement de ton corps. 

 

Quelles sont les corrections à apporter ?

Une inégalité de longueur des membres inférieurs ne requiert pas toujours d’être corrigée. La correction est à envisager quand elle provoque des douleurs inhabituelles et empêche la pratique de la course à pied.

Le but de cette correction est de soulager toute gêne ou douleur. En corrigeant le déséquilibre musculaire, on vient alléger les tensions sur les muscles, tendons et articulations. 

Différentes corrections sont possibles : 

  • la restauration de la mobilité du sacrum et de la posture générale par un ostéopathe
  • le port de semelles orthopédiques
  • le port de talonnettes de compensation 

Les élévations qui sont ajoutées au niveau du pied visent à résoudre l’inclinaison du bassin.

Les manipulations de l’ostéopathe ont 2 buts précis :

  1. travailler sur l’alignement des articulations
  2. équilibrer proportionnellement le poids du corps entre le côté droit et le côté gauche

Attention : lorsque quelque chose est tordu, la tentation est de le remettre dans son axe normal. Mais avec ton corps, ce n’est pas aussi simple. Ton corps s’est adapté à cette (mauvaise) posture, et il réagira mal si tu lui imposes une correction brutale. Même si la démarche est la bonne. Prends le temps de faire des ajustements progressifs facilement assimilables par ton organisme.

 

Quel traitement ou protocole suivre ?

En plus des corrections apportées par un spécialiste, suivre de la proprioception, des exercices fonctionnels et du renforcement musculaire (gainage en particulier) donnent des résultats très intéressants. Ils permettent de stabiliser ton bassin et prévenir un déficit musculaire unilatéral.

 

Les mots de la fin

Que ce soit un balancement de bras caractéristique, une foulée irrégulière ou un torsion de hanches prononcée, chaque coureur a une façon de courir différente.

Ne te préoccupe pas si l’une de tes jambes est plus courte que l’autre. L’inégalité de longueur des membres inférieurs est largement répandue, et ce n’est pas ce qui va te freiner pour progresser dans tes entraînements.

– Xangô

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2 commentaires

  1. Hyper intéressant ! 😉
    Je suis tombé sur ton site en voyant un de tes commentaires sur Running Addict, pas déçu d’être venu voir j’ai appris des choses avec cet article merci à toi !

    1. Quel plaisir de te voir par ici, Niko ! Ton commentaire me flatte énormément. J’ai hâte de découvrir tes prochains articles et vidéos (j’adore ton contenu). Mes meilleurs voeux de succès pour le marathon de Berlin de ce dimanche (un parcours roulant pour le record, je te le souhaite fort ! 😁).

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